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L'Homme écrit depuis plusieurs millénaires, sur de la roche, sur des papyrus, sur du papier, avec sa main et un outil servant à tracer des formes, des signes ou des lettres. Une discipline en perte de vitesse face à l'avènement des outils numériques, plus rapides, venus remplacer les stylos lors d'une prise de note, d'une séance d'écriture, de la rédaction d'un devoir ou d'un compte-rendu. Pourtant, les bienfaits de l'écriture à la main sur les capacités cognitives et les facultés de communication sont réels et il serait dommage de les oublier.
L'écriture manuscrite a toujours été une compétence de base, enseignée dès l'école primaire à travers le monde. Pour les plus jeunes, son apprentissage prend la forme d'un exercice de répétition, au cours duquel on trace les lettres ou les signes de l'alphabet en vue de les mémoriser. Plus tard, on écrit des phrases complètes, puis des paragraphes dans le cadre de devoirs (rédaction, dissertation), avant d'utiliser cette compétence manuelle dans un cadre professionnel ou à la maison, pour le simple plaisir d'écrire.
Mais depuis quelques décennies, les claviers d'ordinateurs, puis les écrans tactiles des smartphones et des tablettes, ont pris le dessus sur les crayons et les stylos, et la pratique de l'écriture à la main est en déclin. Une étude récente (janvier 2024), menée par les chercheurs en psychologie à l'Université Norvégienne de Science et Technologie, démontre que 40 % des membres de la Gen Z ne maîtrisent plus correctement l'écriture : ils rencontrent des difficultés à tracer correctement et à rédiger de manière fluide.
C'est un constat général, dont font état de nombreux professeurs, à tous les niveaux scolaires : l'écriture n'est pas fluide, elle est difficilement lisible, et les textes manquent de cohérence. Mais la perte de cette capacité n'est pas anodine, puisque l'écriture à la main confère de nombreux bénéfices.
Lorsqu'on cherche à mémoriser des informations, le fait de les écrire à la main sur une feuille de papier est plus bénéfique que de les taper au clavier. On parle de "mémoire des mots", et c'est d'ailleurs elle qui entraîne ce geste automatique de simuler l'écriture au stylo d'un mot dans le vide, quand on cherche à se rappeler son orthographe.
Le cerveau est sollicité quand on rédige au stylo, car la discipline demande de la concentration (pour écrire joliment, sans faute, en suivant les éventuelles lignes) et une connexion main/cerveau se fait au cours de cette « activité physique », comme elle est définie par les neuroscientifiques. Il suffit de voir l'effort requis quand on écrit des cartes de vœux pour comprendre qu'écrire n'est plus aussi naturel que par le passé et que cela requiert une implication plus importante.
Pourtant, l'écriture manuscrite permet de mieux comprendre, de mieux retenir, pour un savoir acquis à long terme. Il faut donc inciter les enfants à écrire à la main, ne pas négliger l'importance de la prise de note manuscrite dans un cadre scolaire, et ne pas oublier que rédiger manuellement peut favoriser un meilleur maintien des capacités cognitives, à tout âge. Des outils existent (comme l'application Plume, dès 7 ans), pour tenter de redonner de l'élan à la pratique, avant qu'elle n'entre au Panthéon des arts oubliés.
Pour les nouvelles générations, l'acte d'écrire, principalement en numérique, se fait via les outils de messageries virtuelles et les principaux réseaux sociaux. Sur ces plateformes, la communication doit être brève, rapide, d'où l'usage d'abréviations et d'émojis. Cette tendance avait commencé avec le format court des SMS, avant de s'accentuer avec le smartphone et des plateformes comme Twitter, TikTok ou Instagram.
Le principal problème découlant de cette forme d'écriture moderne, c'est qu'elle réduit la réflexion au profit d'une communication de l'instant. On cherche à s'exprimer au plus vite, quitte à privilégier un émoji souriant aux mots qui auraient pu le remplacer. Quand on rédige, armé d'un bon stylo plume, d'un BIC ou d'un crayon à papier, notre esprit doit synthétiser les informations et les organiser, sans prendre de raccourci. Il en résulte une réflexion plus approfondie, qui aide à structurer sa pensée. Et cela peut se répercuter dans les conversations orales, qui suivront un cheminement d'idées plus cohérent si on est habitué à réfléchir sur papier.
On gardera en tête que l'écriture manuscrite est également un plaisir, à partager. Envoyer des lettres d'amour ou de jolies cartes postales, rédigées à la plume, permet d'exprimer au mieux des pensées sincères. Le bénéficiaire sera toujours plus touché par des mots tracés en écriture cursive que par un mail ou un message virtuel !
