Agriculteurs, valorisez vos déchets grâce à la méthanisation

Donner une seconde vie aux déchets, via le processus de méthanisation, est une solution en vogue chez les agriculteurs qui profitent ainsi de plusieurs avantages : un complément de revenu ainsi que la possibilité d'utiliser les résidus végétaux et organiques comme engrais. Pour exécuter un tel procédé, il faut les installations idoines et tenir compte des risques éventuels que présente une telle option. On vous en dit plus, pour aller vers une exploitation plus écologique.

En quoi consiste le processus de méthanisation ?

La méthanisation, dans le cadre d'une exploitation agricole, est un processus biologique permettant de transformer les déchets organiques en énergies vertes et renouvelables. Les substrats végétaux, les déchets de l'agroalimentaire ou encore les déjections animales sont placés dans un méthaniseur – qui s'apparente à une cuve massive à une température comprise entre 20° et 60°C – au sein duquel ils fermentent, en l'absence d'oxygène, sur le principe de l'anaérobie. Le résultat obtenu en fin de procédé se décline en deux éléments :

• Du biogaz, qui servira d'énergie pour chauffer, alimenter un véhicule, ou produire de l'électricité. Il s'agit d'un gaz renouvelable, qui n'accroît pas l'effet de serre, puisque le carbone qui s'en dégage est celui absorbé par les végétaux au départ.


• Des digestats, qui seront utilisés comme engrais, en accord avec la volonté de créer une économie circulaire.

Si cette solution présente de nombreux avantages, et qu'elle permet à certains agriculteurs de compléter leurs revenus en créant de l'énergie à partir d'éléments organiques produits sur leur exploitation, elle n'est pas sans risques. Il peut être nécessaire de souscrire une assurance pour la méthanisation, pour faire face à d'éventuels dommages causés par les méthaniseurs. Un assureur spécialisé veillera à couvrir les risques liés à l'installation des machines, couvrira les pertes d'exploitation potentielles et offrira une couverture face au risque environnemental que peuvent présenter ces méthaniseurs.

Quels sont les risques de cette solution ?

Hormis le coût conséquent de l'installation des méthaniseurs, qui pourra être réduit en profitant d'éventuelles aides régionales proposées pour soutenir la transition écologique, la solution de méthanisation s'accompagne de certains risques à connaître.

Comme le rappelle le ministère de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire, les biogaz peuvent entraîner des incendies et des explosions, le risque d'asphyxie ou d'intoxication est réel pour les opérateurs et ils peuvent être la cause de pollution des environs en cas de mauvaise gestion de l'exploitation.

En 2020, plusieurs centaines de m3 de biogaz avaient fuité du méthaniseur d'une exploitation dans le Finistère, polluant les eaux alentours et privant près de 200 000 personnes d'eau potable pendant plusieurs jours. De plus, certaines associations (Greenpeace, The Shift Project) expliquent que l'impact de telles exploitations sur la fertilité des sols n'est pas connu, du fait de la relative nouveauté de ce procédé.

Pour tout exploitant, il est donc préférable d'anticiper ces éventuels risques en s'entourant de professionnels (industriels, assureurs) qui l'épauleront dans le projet de méthanisation agricole en garantissant une installation fiable et en s'assurant du sérieux de la réalisation, à chacune de ses étapes.

Des avantages évidents pour une solution d'avenir

Si cette solution séduit les agriculteurs, avec plus de 1 300 installations dans l'Hexagone en 2024, c'est en raison des nombreux avantages qu'elle peut présenter pour un exploitant.

Sur un secteur en crise, ou du moins soumis à une forte volatilité, les tarifs d'achat du biogaz fixés à l'avance permettent d'avoir une meilleure visibilité sur les gains annuels, tout en offrant un complément de revenu majeur aux agriculteurs. Certains d'entre eux pourront même auto-alimenter leur ferme en énergie, pour économiser sur les factures, quand d'autres passent à la méthanisation pour ne pas avoir à se conformer aux normes sur le stockage et le tri des déchets, nécessitant souvent de coûteux travaux.

Les déchets organiques, encombrants jusque-là, sont utilisés pour produire une énergie propre, tout en permettant d'appliquer les principes de l'économie circulaire, en rendant à la terre ce qui lui appartient, via la fertilisation des sols à l'aide du digestat obtenu.

Une démarche d'avenir, avec en ligne de mire une consommation de biogaz représentant 20 % de la consommation nationale en 2030, soit deux fois plus que ce qui est prévu actuellement par le syndicat des gaziers.